mardi, 09 janvier 2018
Immigration. Plus de 100 000 demandes d’asile en 2017, du jamais vu en France
Le nombre de demandes d’asile a atteint un plus haut historique l’an dernier, selon les données de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.
En 2017, la France a enregistré un peu plus de 100 000 demandes d’asile. « Un niveau historique », selon Pascal Brice, directeur général de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Il y avait moins de 20 000 demandes en 1981, année la plus ancienne pour laquelle l’Ofpra a fourni des données.
« Pas un afflux massif »
Les demandes d’asile ont augmenté de 17 % l’an dernier, atteignant 100 412 au total, après une progression de 6,5 % en 2016. Une hausse « soutenue » même si « ce n’est pas un afflux massif », estime Pascal Brice.
« Cela confirme que la France est dans les tout premiers pays de la demande d’asile en Europe », notamment derrière l’Allemagne qui s’attend à un peu moins de 200 000 dossiers cette année.
Toutefois, pour avoir une vision exhaustive, il faut ajouter à ces chiffres ceux des migrants n’ayant pas encore déposé leur dossier à l’Ofpra. La première étape de la procédure se fait en effet en préfecture, qui examine si les personnes relèvent d’un autre pays européen pour leur demande (au titre du règlement « Dublin »).
Dans une circulaire fin novembre, Gérard Collomb estimait qu'« aujourd’hui, près de 52 % des demandeurs » relevaient de cette procédure « Dublin ».
Les Albanais et les Afghans les plus nombreux
Au nom de la « fermeté », le ministre de l’Intérieur a fait du transfert de ces migrants l’une de ses priorités (le taux plafonne à 10 % actuellement), contrepartie d’un accueil plus « digne » des réfugiés.
Le « taux d’accord », qui permet aux demandeurs de devenir réfugiés, a fléchi, passant de 38 % en 2016 à 36 % l’an dernier. Une baisse qui s’explique, selon Pascal Brice, par la situation de ressortissants comme ceux d’Albanie.
L’an dernier, le premier pays d’origine des demandeurs d’asile a en effet été l’Albanie, avec 7 630 demandes (hors mineurs accompagnants), soit une hausse de 66 %. L’Albanie étant considéré comme « d’origine sûre », l’Ofpra n’a accordé sa protection qu’à 6,5 % des demandeurs.
Ce phénomène, « cyclique » et « lié à une émigration économique » selon Pascal Brice, préoccupe les autorités françaises et albanaises, qui ont lancé cet été un plan d’action pour lutter contre les réseaux d’immigration irrégulière.
Deuxième pays d’origine des demandeurs, l’Afghanistan a représenté 5 987 demandes (+6 %), avec un taux de protection de 83 %. Mais les migrants afghans arrivés l’an dernier en France sont sans doute plus nombreux du fait du nombre élevé de « dublinés » parmi eux, notamment après un passage en Allemagne.
Hausse des demandes de ressortissants d’Afrique de l’Ouest
Viennent ensuite les ressortissants d’Haïti (nombre de dossiers stable à 4 934), du fait du niveau toujours élevé de demandes en Guyane, puis les Soudanais (-24 % à 4 486), et les Guinéens qui ont été 3 780 à solliciter l’asile, soit un bond de 62 %.
On observe une forte progression des ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest et francophone, notamment des Ivoiriens dont le nombre a plus que doublé (3 243) parmi les demandeurs d’asile et des ressortissants de République démocratique du Congo (+15 %, à 2 941).
« Cela reflète le phénomène des traversées via la Libye vers l’Europe », commente le responsable de l’Ofpra.
Délai d’attente en baisse
Malgré un taux de protection très élevé (95 %), les Syriens, souvent arrivés via des programmes de réinstallation, ont en revanche été moins nombreux à solliciter l’asile en France l’an dernier, avec une baisse de 10 %, atteignant 3 249 demandes.
Enfin le délai moyen d’attente « est tombé à près de trois mois », a précisé Pascal Brice. Il assure que l’Ofpra « poursuit ses efforts pour atteindre en 2018 l’objectif des deux mois » fixé par Emmanuel Macron, « dans le strict respect des droits de chaque demandeur ».
14:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
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